Chronique du 19 décembre 2022
Albert Camus fut un immense écrivain. Ce fut aussi, dès sa plus jeune enfance, un passionné de football. Dans Le Premier homme, il raconte : « quant aux jeux, il s’agissait surtout du football, et Jacques découvrit dès les premières récréations ce qui devait être la passion de tant d’années ». La citation trouve probablement des millions d’applications similaires à l’échelle de la planète contemporaine car, c’est un truisme de le rappeler (avant que n’arrivent les inévitables interrogations sur un « effet Coupe du monde », économique ou politique), le football est un sport formidablement populaire. Ce n’est pas le moindre des paradoxes, dans une société obsédée par l’égalité.
La France semble exprimer une réticence particulièrement vive aux inégalités. Dans le débat public, chaque différence de revenu ou de patrimoine est dénoncée comme un intolérable scandale et chaque distinction est assimilée à une inacceptable discrimination. L’ensemble de notre «modèle social» et ses politiques redistributives sont ainsi conçus à travers le prisme d’un logiciel égalitariste voulant réaliser une société homogène, composée de semblables aux conditions de vie aussi proches les uns des autres, visant une égalité de fait bien plus qu’une mobilité de droit. Dans cette perspective, la concurrence est appréhendée avec suspicion : si on lui reconnaît de faire baisser les prix, elle est aussi décrite comme vile et abrupte, déstabilisatrice et destructrice.
Pourtant, les Français affichent une passion collective pour un sport qui contredit cette obsession égalitaire.
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Photo by Daniel Norin on Unsplash
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