Chronique du 26 décembre 2022.
A chaque semaine, son lot de chèques distribués par l’Etat. Le gouvernement, qui se défend d’être trop dispendieux en expliquant que ses initiatives s’inscrivent dans une démarche de meilleur ciblage des aides, reste, en la matière, l’héritier d’une pratique partagée par l’ensemble de ces prédécesseurs immédiats. La France n’a ainsi pas connu un budget équilibré depuis 1974 – et ses comptes dérivent depuis 1981. De « Providence », divinité administrative en charge de la protection des citoyens démunis, l’Etat est devenu « Père Noël », sorte d’apparition magique, fruit d’une croyance collective a priori irréaliste, qui distribue les cadeaux « par milliers » avec l’illusion enfantine qu’ils sont produits miraculeusement, jaillis des ateliers de lutins laborieux sur simple demande. Paradoxalement pourtant, en dépit de toutes ces largesses fabuleuses, la situation sociale semble se dégrader à mesure que la dépense publique augmente.
En 2022, 94% des Français se rangent d’eux-mêmes dans les catégories « mécontents » ou « en colère » (enquête Fractures françaises). En 1979, 46% des personnes interrogées considéraient que leur niveau de vie s’était amélioré dans les dix dernières années ; en 2019, elles n’étaient plus que 24% (Insee). Les statistiques ne leur donnent pas tort : en 1980, la richesse par habitant d’un Français représentait 101% de son équivalent américain (Banque mondiale) ; en 2021, elle n’était plus que de 63%. Autrement dit, les Français se sont appauvris en comparaison avec leurs Alliés d’outre-Atlantique. Plus encore, cette impression se mêle à une frustration immense : si les moins favorisés ont toujours plus eu l’impression de devoir se restreindre davantage dans leur consommation que les plus riches, l’écart n’était que de 12 points en 1979 ; il est de 46 points en 2019 (Insee).
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