Chronique du 18 janvier 2021 :-)
Les Français demandent de la protection, mais pour eux, protection ne rime pas forcément avec “plus d’Etat”, ni dépense publique insouciante : en somme, ils semblent vouloir une action publique plus efficace
Le bannissement de Donald Trump de plusieurs réseaux sociaux a réanimé en Europe un débat très vif sur l’autonomie de régulation des opérateurs digitaux : en France et en Allemagne notamment, des responsables politiques se sont inquiétés du développement de médias dont ils ne pourraient déterminer les normes de modération des contenus.
La démarche a été saluée par de nombreux commentateurs, comme indiquant une volonté légitime des Etats de reprendre la main sur le monde d’Internet. Cela fait plusieurs années, en réalité, que l’utopie « californienne » (Le modèle californien, Dagnaud) est très largement battue en brèche par les Etats : des deux côtés de l’Atlantique, la puissance publique s’est faite offensive, multipliant les projets de régulation et les initiatives contentieuses.
Notre époque serait ainsi celle du grand « retour de l’Etat », sous diverses formes. Dans le monde académique, Mariana Mazzucato, devenue l’idole de la gauche occidentale, s’est donné pour mission de rétablir le crédit de l’Etat, estimant que sa contribution à l’innovation aurait été injustement dépréciée. Dans le champ politique, les dirigeants français ne cessent de s’en revendiquer, mâtiné de souveraineté, qu’il s’agisse de repousser les investisseurs étrangers ou de s’interroger sur les bénéfices de la concurrence.
L’affirmation mériterait pourtant d’être interrogée : « Check your premises », disait Ayn Rand.
Photo by Adam Nieścioruk on Unsplash
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