Voici le texte de ma chronique du 19 octobre 2020 dans L’Opinion
« Peut-on se satisfaire d’un régime qui peut enfermer sa population sans que le Parlement ait son mot à dire ? La démocratie repose sur l’idée selon laquelle c’est de la confrontation des pouvoirs que jaillissent les meilleures solutions – sans quoi il suffirait d’en revenir au despotisme éclairé »
Le chef de l’Etat a annoncé mercredi l’application d’un couvre-feu entrant en vigueur dès le samedi suivant. Il a suffi de deux décrets pour contraindre partiellement, mais sévèrement, la liberté de mouvement d’un peu moins d’un tiers de la population française. Le premier, du Président de la République, tient sur quelques petites lignes et décide de l’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire. Le second, du Premier ministre, cette fois de 20 pages, précise dans le détail « les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie ». Le mot « interdit » y revient 15 fois, notamment pour prescrire que, hors de la sphère privée, « les rassemblements (…) mettant en présence de manière simultanée plus de six personnes sont interdits ».
En mars déjà, le gouvernement avait décrété un confinement, détaillé par le ministre de l’Intérieur, qui vantait alors avec satisfaction que le Président ait choisi « les mesures les plus restrictives (…) en Europe ». Il parlait après une intervention du chef de l’Etat qui avait répété six fois : « Nous sommes en guerre ».
Ce discours martial avait le mérite de retenir l’attention des citoyens et de solliciter leur mobilisation. Il avait aussi pour effet de retenir les débats. Il est pourtant indispensable pour notre conception même de la démocratie de s’interroger, modestement et sereinement, sur l’effet que toutes ces mesures ont sur notre liberté.
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Photo by Martin Sanchez on Unsplash
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