L’Opinion / Environnement: à la fin, c’est le marché qui gagne

Voici le texte de ma chronique du 29 juillet 2019

Voici le gouvernement parti en vacances, après une année que l’on imagine assez éprouvante et chargée. Depuis l’été dernier, un thème s’est imposé brutalement au cœur du débat public : les questions environnementales. A travers quelques évènements, il est passé d’une tendance montante à un fait politique majeur, bien au-delà de l’action de l’exécutif ; bien au-delà, aussi, d’être le dernier impératif catégorique à la mode (et, de façon parfois inquiétante, moralement incontestable).

De façon intéressante, cette mutation de l’agenda politique est révélatrice des faillites de l’action publique. Deux moments l’ont montré. D’abord, fin août dernier, Nicolas Hulot démissionnait. Offrant à l’actualité un moment médiatique sensationnel, le ministre justifiait son départ, en somme, par l’incapacité de l’Etat à agir en matière environnementale. Quoique l’on pense de sa vision du sujet, son départ était un aveu d’échec pour la puissance publique.

Il l’a dite prisonnière des méchants lobbies ? L’Ecole du choix public a expliqué depuis fort longtemps que les politiques sont nécessairement captées par des intérêts individuels – qu’il s’agisse de l’industrie, des syndicats, des associations ou de l’administration elle-même ! Il a reproché à l’exécutif de ne pas en faire assez ? Implicitement, il dressait la critique de la centralisation et du mythe de l’Etat salvateur : l’exécutif n’est ni magicien, ni omnipotent.

Artisans discrets. Ensuite, à l’automne, le mouvement des Gilets jaunes explosait, en réaction à un accroissement de la fiscalité écologique. Si la hausse de taxe pouvait trouver des justifications économiques (la meilleure façon d’influencer les comportements de consommation est de créer les bonnes incitations), elle était inacceptable politiquement, intervenant dans un pays qui détient des records de fiscalité et renvoyant l’impression de décourager le recours à l’automobile (et de condamner le mode de vie auquel elle est liée). Cette éruption soudaine – puis violente – de colère a elle aussi montré les failles de l’intervention publique : un Etat ruiné se condamne à l’inaction.

Le marché, à l’inverse, a fait ses preuves : ce qui a modifié durablement le comportement des entreprises, ce ne sont ni les codes ni les règlements, ce sont les changements profonds dans les attentes de la société et les comportements des consommateurs. Pourquoi les firmes se sentent-elles désormais toutes investies d’une passion compulsive pour l’avenir de la planète ? Parce que leurs clients s’en sont épris. Pourquoi cherchent-elles à valoriser leurs engagements extra-financiers (en termes de « RSE » notamment) ? Parce que leurs actionnaires (ces artisans discrets mais essentiels de l’économie qu’il est si bien vu de conspuer) le leur demandent !

De ces exemples, on peut tirer trois enseignements. D’abord, l’Etat et le politique ne peuvent pas tout. Cela devrait enseigner l’humilité. Ensuite, comme Montesquieu l’avait écrit : les mœurs sont plus puissantes que les lois. Enfin, le marché est probablement la solution la plus efficace pour emporter librement le changement de la société. Certes, il tâtonne. Bien sûr, ses hésitations ont un coût. Evidemment, il est bercé d’incertitudes. Mais c’est ce qui lui est propre, comme Hayek l’étudiait : c’est un processus itératif, de réussites et d’échecs, de confrontation libre et non réglementée, qui permet de révéler progressivement l’information et découvrir la vérité.

Erwan Le Noan
Photo by Teemu Paananen on Unsplash
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