Voici le texte de ma chronique de ce 22 mai 2018
Un an après son départ de l’Elysée, François Hollande revient assurer la promotion d’un livre dans lequel il raconte son mandat. Dans ce cadre, l’ancien chef de l’Etat a récemment été interrogé sur ses revenus actuels. Il a dit cumuler trois retraites, au titre de ses précédentes fonctions de Président de la République, parlementaire et membre de la Cour des comptes.
Sa réponse a été suffisamment ambiguë pour que l’on ne comprenne pas clairement s’il bénéficie d’une retraite de 15 000 ou de 20 000 euros, mais elle fait preuve d’une franchise rare de la part d’un politique.
Puis, François Hollande a poursuivi sa réponse : « je ne considère pas qu’il faille qu’un ancien président soit dans un état de dénuement. Si d’ailleurs il l’était, ce qui ne serait pas forcément très grave, il ferait des activités privées. Or, je me suis refusé à faire des activités privées ». Ce raisonnement mérite qu’on s’y arrête.
Un esprit retors pourrait voir dans cette dernière phrase un tacle (obsessionnel ?) à l’encontre de Nicolas Sarkozy, connu pour donner des conférences rémunérées. Contrairement à son prédécesseur, François Hollande ne se corrompt pas en travaillant pour gagner sa vie ; refuser des activités privées serait ainsi un acte de noblesse morale.
Les malins pourraient aussi vouloir interroger le président socialiste : en 2007, il avait fixé le seuil de richesse à 4 000 euros. Même en tenant compte de l’inflation, ses revenus le placent largement au-delà. Une situation qu’il doit vivre péniblement puisque chacun sait depuis juin 2006 qu’il « n’aime pas les riches ». Gageons que pour soulager sa conscience le Président reverse la différence à des œuvres sociales.
Etat d’esprit. S’il le souhaite, François Hollande pourrait militer pour l’impôt volontaire, cette proposition révolutionnaire de Peter Sloterdijk qui vise à remettre la volonté de contribution civique au cœur de ce qui est devenu une obligation pesante, au point de susciter des « phobies administratives ». La mesure se module de maintes manières, de la liberté contributive totale à la possibilité offerte au citoyen de flécher une partie de son impôt vers une politique de son choix, en passant par l’instauration d’un bouclier fiscal doublé de la possibilité pour tous ceux qui le souhaitent de donner en plus de ce seuil. Ceux qui aiment tant l’impôt pourraient enfin le prouver concrètement !
L’ancien président, âgé de 63 ans, explique surtout qu’ayant fait le choix de ne pas travailler, il vit légitimement de l’argent public. Voilà qui est tristement révélateur d’une vision de l’économie et d’un état d’esprit.
Comme tant d’autres, François Hollande semble considérer que la dépense publique est inépuisable ; il suffit de se servir. Il oublie que chaque euro de dépense publique est un euro qui a été arbitrairement arraché à des créateurs de richesse, entrepreneurs ou salariés. Quand bien même le but serait louable et servirait une cause efficace (ce qui est loin d’être toujours le cas), la fiscalité n’en reste pas moins une atteinte au droit de propriété.
Comme tant d’autres, l’ancien Président oublie que chaque euro de dépense publique marque un retrait de la liberté individuelle ; au-delà de l’impôt, il implique toute une série de contrôles sur son utilisation. Chaque euro de dépense publique en plus marque une extension du contrôle social par l’administration.
Mais ce n’est pas le problème de François Hollande : lui s’inquiète de son propre dénuement. Les « sans-dents » apprécieront.
https://www.lopinion.fr/edition/economie/francois-hollande-riches-l-argent-public-erwan-noan-150742
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