Au secours, la droite antilibérale est de retour !

Dans Valeurs Actuelles, Eric Brunet fait référence à l’une de mes chroniques pour L’Opinion

Voici le texte de son papier, disponible sur le site de Valeurs Actuelles (LIEN)

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Liberté chérie. Les vieux arguments éculés contre Bruxelles ont la vie dure, alors que la Commission européenne se bat pour faire respecter le droit de la concurrence.

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C’est la faute à l’ultralibéralisme de Bruxelles ! Vous avez entendu ce refrain des milliers de fois ! Depuis des décennies, nos politiques utilisent ce vieil argument éculé pour expliquer leurs échecs et leur manque de courage réformateur. Même ma chère droite française succombe, elle aussi, à la tentation de la facilité ! Le 14 novembre dernier, le député LR Guillaume Peltier dénonçait “l’Europe ultralibérale”. Le 16 novembre, Laurent Wauquiez s’en prenait à la Commission européenne : « Elle n’est même pas foutue de poser la question de la rupture de concurrence que représente Google. » Ajoutant : « Cette politique de la concurrence est une folie qui a été poussée par une suridéologie. »

Trop facile. Dans le quotidien l’Opinion, le chroniqueur Erwan Le Noan rectifie : « Le discours qui consiste à faire du droit communautaire le symbole d’un capitalisme sauvage est un contresens parfait. Bruxelles est probablement l’autorité la plus offensive à l’encontre des Gafa (Google, Apple, Facebook, Amazon). »

Vrai : en ce moment, la Commission européenne exige qu’Amazon restitue des millions d’euros d’aides illégales. Et elle se bat pour que l’Irlande récupère les avantages indus perçus par Apple. Wauquiez et Peltier devraient plutôt louer la fermeté de la Danoise Margrethe Vestager. La commissaire européenne à la Concurrence s’est illustrée en imposant une sanction record de 13 milliards d’euros contre Apple. Elle a affirmé qu’Amazon avait bénéficié d’aides d’État illégales du Luxembourg. Elle a exigé, au nom du respect du droit de l’Union européenne, que le géant américain de la vente en ligne restitue environ 250 millions d’euros au grand-duché.

Ultradéterminée, Mme Vestager a décidé d’attaquer l’Irlande, qui n’a toujours pas récupéré auprès d’Apple les plus de 13 milliards d’euros d’impôts impayés, comme Bruxelles le lui avait ordonné.

Depuis 2015, la Commission a multiplié les décisions pour aides d’État illégales — elle a épinglé Starbucks (avec les Pays-Bas), Fiat (Luxembourg), en octobre 2015, et une grosse trentaine de multinationales ayant bénéficié des largesses de la Belgique, en janvier 2016. Et elle a ouvert des enquêtes sur des accords signés entre McDonald’s et Engie, toujours avec le grand-duché. Bref, Bruxelles fait un boulot remarquable, sans que personne en France s’en émeuve.

Arrêtons de gober les arguments démago des forts en gueule europhobes. En matière de concurrence européenne, Bruxelles dirige l’attelage du vieux continent façon rênes courtes. La Commission mène la vie dure aux géants du Net. Même si elle se heurte souvent à l’opposition d’États membres comme l’Irlande ou le Luxembourg, connus pour avoir une taxation très favorable aux sociétés du numérique.

Dès 2018, de nouvelles règles visant à mieux taxer les géants du numérique opérant sur le sol européen seront mises en place. « Nous sommes d’avis que, dans le secteur du numérique, les taxes doivent être payées là où elles sont dues », a estimé le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, à l’issue du premier sommet européen consacré à l’économie numérique, à Tallinn.

Cette obsession anti-Bruxelles de la droite française est donc incompréhensible. Certes, je conçois que Wauquiez et ses amis partent à la chasse aux voix. Mais le droit de la concurrence n’a rien à voir là-dedans. Eux qui rêvent que la Commission soit plus offensive sur ces questions ne devront pas s’étonner qu’elle le soit aussi à l’égard de géants français peu enclins à accepter la concurrence.

En dernière analyse, j’ai le curieux sentiment que le fond de sauce antiréformiste et antieuropéen de la famille LR est une seconde mise à mort de François Fillon. L’ancien candidat de la droite à la présidentielle, choisi par les militants pour son programme résolument libéral, ne se serait jamais autorisé ce genre de ritournelle électoraliste.

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https://www.valeursactuelles.com/politique/au-secours-la-droite-antiliberale-est-de-retour-91323

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