Voici le texte de ma chronique, parue ce 18 octobre
Les projets routiers d’Anne Hidalgo ont animé les dernières semaines parisiennes : d’abord, l’idée que le périphérique puisse devenir « un parc avec au milieu une rivière » ; ensuite, l’ambition que les véhicules à essence disparaissent. Là où l’écologie pourrait être intégrée à tous les secteurs économiques, la maire de Paris se contente d’en faire une politique de promotion des espaces verts, punitive et autoritaire.
Face à la municipalité, l’opposition est inaudible. Il faut dire que l’écologie n’a, jusqu’à maintenant, pas occupé une place centrale dans le discours de la droite. Pressée par les attentes de la société, celle-ci commence toutefois à y réfléchir, tout en cherchant à éviter l’écueil de se définir en miroir de ses adversaires. Trois questions au moins se posent à elle.
La première est celle du mode de régulation : les changements de comportement peuvent être obtenus par la contrainte ; mais ils peuvent aussi être volontaires. Pour y parvenir, il faut que les acteurs économiques (entreprises et consommateurs) intègrent d’eux-mêmes, de façon rationnelle, le coût écologique dans leurs décisions individuelles. Pour cela, il faut qu’ils en assument les charges : si polluer ne me coûte rien, je n’ai aucune incitation à rationaliser mon comportement ; si la collectivité paie les dégâts de mes erreurs, je n’ai aucun intérêt à m’assurer contre les risques prévisibles. Cela implique donc que le politique assume que la transformation écologique a un coût social.
Capture des décisions. La deuxième question est celle du niveau décisionnel pertinent. La transition vers un modèle économique plus respectueux de l’environnement peut intervenir de façon centralisée ou non. Le niveau local est le plus favorable à la créativité et la responsabilisation : communes, quartiers et citoyens seront d’autant plus concernés et inventifs qu’ils seront impliqués dans l’amélioration de leur cadre de vie immédiat. Cela suppose qu’ils soient mis en capacité de décider, au lieu d’attendre passivement que l’administration fasse leurs choix de vie à leur place. Au demeurant, la centralisation favorise la capture des décisions gouvernementales (et donc nationales) par les lobbies d’industriels ou de consommateurs qui veulent polluer en paix ou continuer de percevoir les subventions qui encouragent leurs comportements non-écologiques.
La concurrence et le marché restent les meilleures façons de découvrir les solutions optimales pour la société ; mais cette voie implique d’accepter les tâtonnements et l’incertitude, là où le politique a tant prétendu pouvoir gérer le futur
Une dernière question que la droite doit avoir à l’esprit dans la définition de son projet écologique est celle de la planification. Traditionnellement, l’Etat a prétendu avoir la capacité de définir les meilleures mesures : il a promu le diesel (avant de le conspuer) et vanté le mérite de nombreux plans et « Grenelle » (sans effet). La concurrence et le marché restent pourtant les meilleures façons de découvrir les solutions optimales pour la société ; mais cette voie implique d’accepter les tâtonnements et l’incertitude, là où le politique a tant prétendu pouvoir gérer le futur et garantir des évolutions paisibles et imperceptibles.
La définition d’un projet écologique est un extraordinaire défi pour la droite si elle souhaite être innovante et de distinguer de la voie interventionniste et punitive qui a dominé jusqu’à maintenant. Elle suppose une révolution intellectuelle, visant à intégrer l’écologie dans une réflexion économique, mais surtout à privilégier la liberté et la responsabilité, là où l’interdiction, la subvention et le contrôle social ont prévalu par facilité.
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