Voici le texte d’une interview à Atlantico
- La droite a-t-elle raté l’après-défaite 2017 comme elle avait raté celle de 2012 ? Quelles sont les leçons que les Républicains auraient du tirer de cet échec ?
On ne peut pas dire que la droite ait déjà raté l’après défaite 2017 : nous sommes à peine un mois après le résultat des élections législatives. Il est encore beaucoup trop tôt pour tirer des conclusions.
Ce qui se dessine à ce stade ne semble toutefois pas montrer que la droite a beaucoup appris de 2012. Comme après la défaite de Nicolas Sarkozy, la voilà repartie dans les conflits d’égo : Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez semblent établir leurs stratégies non en fonction de l’avenir de la droite mais selon leurs intérêts personnels. On est très loin du renouvellement dont la droite aura besoin pour revenir au pouvoir.
En outre, comme en 2012, la droite ne fait toujours pas de bilan de sa défaite. Elle préfère les invectives et les raccourcis. Les uns accusent les autres d’être à la source de l’échec : soit le candidat était trop mauvais, soit son programme était trop libéral, soit les centristes étaient des traitres, soit les autres étaient trop à droite…
Enfin, la droite ne travaille pas non plus sur les idées : c’est le vide intellectuel… Que pense la droite de l’avenir du pays ? Quelle est sa vision de la société ?
- Qui sont ceux qui votent à droite aujourd’hui ? Et qui sont ceux qui ne votent plus à droite aujourd’hui, mais qui votaient à droite en 2007 ?
En 2007, Nicolas Sarkozy avait réussi à rassembler un électorat qui venait de tous les milieux sociaux (et notamment populaires). Ce n’était plus le cas de l’électorat de 2012 pour François Fillon, qui était plus âgé, peut-être plus « patrimonial ».
Cela se retrouve dans le discours des deux candidats : Nicolas Sarkozy avait défendu un discours qui portait un véritable projet de société ; la déception est venue de ce qu’il ne l’a pas mis en œuvre. François Fillon, à l’inverse, portait un programme qui était certainement ambitieux, mais il n’a pas su transmettre une vision qui y soit lié ; il n’a pas su le transformer en un projet qui porte l’avenir.
- Même si les Républicains avaient une ligne de conduite stable et clairement définie, est-ce que qu’ils agiraient vraiment différemment ? Ne s’agit-il pas d’une culture politique bien en place depuis quelques années (par exemple le duel Copé-Fillon) ?
La 5e République est ainsi faite qu’il ne peut il n’y avoir qu’un seul leader qui émerge pour devenir le candidat à l’élection présidentielle. Dans chaque camp, les ambitieux doivent donc éliminer leurs adversaires en interne. La droite a passé la période 2012-2017 à s’y évertuer, les uns détruisant les autres avec une incroyable énergie.
Le rôle du leader est évidemment capital : la droite ne réussira pas sans un leader capable de rassembler toutes ses composantes. Mais son problème est que ses responsables semblent convaincus qu’il suffit de prendre la place du leader pour gagner ; ils négligent en conséquence totalement les idées. Ils construisent donc leurs succès potentiels sur des châteaux de sable.
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