A retrouver dans son intégralité sur le site de L’Opinion
1. Qui est le gagnant selon vous ?
2. Qui est le perdant ?
3. Quel a été le moment fort de ce débat ?
4. Comment avez-vous jugé dans sa globalité ce premier débat ?
Erwan Le Noan, conseiller à la Fondapol
« Benoît Hamon se désintéresse absolument de toute prise en compte des réalités économiques »
1. Benoît Hamon a gagné ce débat, son message était le plus clair et son ton le plus fluide : il est apparu le plus à l’aise. Son discours était aussi le plus facile, car il se désintéresse absolument de toute prise en compte des réalités économiques : peu importent les faits, seuls comptent les slogans et les rêveries. Le réel devra se conformer aux discours de Benoît Hamon. C’est la trumpisation du débat socialiste. Benoît Hamon n’a toutefois été ni clair ni crédible sur les finances publiques, mais il l’a dit : en somme, ce ne sont que des comptes d’apothicaires, dont il ne se soucie pas.
La position de Manuel Valls était la plus délicate : tenter de faire entendre un discours marqué par l’expérience et la responsabilité gouvernementales, prenant en compte les réalités, face à un candidat qui prétend incarner le monopole du cœur et qui propose du « rêve » sans se soucier qu’il soit possible de le réaliser. Il était, en quelque sorte, dans la position que connaissent de nombreux candidats de droite face à la rhétorique des candidats de gauche !
Manuel Valls a toutefois gagné la partie du débat sur la laïcité, mais il est à craindre pour lui que ce ne soit pas ce sujet qui emporte la conviction des électeurs socialistes.
2. Le débat sur la laïcité d’abord car, même si Manuel Valls n’a pas toujours été aussi percutant qu’on l’attendait, il a mis Benoît Hamon en difficulté : celui-ci n’a pas répondu clairement aux questions, trouvant à chaque fois une esquive. Par exemple, il a préféré faire un long développement sur les discriminations, au lieu de répondre à la question de savoir si oui ou non l’un de ses proches avait partie liée avec le CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France).
Le débat sur la fin du travail ensuite qui, comme l’a remarqué Manuel Valls, pose un vrai clivage de fond. D’un côté, l’ancien Premier ministre défend l’idée que le travail génère la croissance et favorise la dignité. De l’autre, le candidat frondeur qui explique que dans le monde idéal de demain, le travail aura disparu, chacun percevra une somme de l’Etat et sera remboursé par la Sécurité sociale pour ses activités sportives…
3. Le débat était de bonne qualité, surtout le début, sur les questions du travail notamment. Les candidats défendaient des visions clairement différentes de ce que doit être l’action socialiste, les fondant sur des analyses intéressantes (même s’il était trop visible qu’ils récitaient leurs fiches de lecture sur les rapports importants).
Pour autant, ce débat était aussi très inquiétant, car les positions et l’argumentation de Benoît Hamon témoignent d’une corbynisation progressive du PS : un mouvement qui se caricature et s’enferme dans une démarche, un positionnement et une attitude d’auto-marginalisation. Les propositions de Benoît Hamon ne sont pas modernes, elles actualisent l’idéologie d’adoration de l’Etat tout puissant, en l’habillant de quelques nouvelles paillettes thématiques.
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