L’Opinion / Commentaires sur le 1er débat de la primaire de gauche

A retrouver sur le site de L’Opinion dans son intégralité

http://www.lopinion.fr/edition/politique/zarader-cotta-cuvillier-jury-l-opinion-note-premier-debat-primaire-118133

A l’issue du premier débat de la primaire de la gauche sur TF1 jeudi soir, quatre questions ont été posées à notre jury.

1. Qui est le gagnant selon vous ?

2. Qui est le perdant ?

3. Quel a été le moment fort de ce débat ?

4. Comment avez-vous jugé dans sa globalité ce premier débat ?

Erwan Le Noan, conseiller à la Fondapol

« Le vrai perdant, c’est le Parti socialiste »

1. Il n’est pas évident de déterminer « un » gagnant parmi une mêlée qui n’a pas été très stimulante. Clairement, aucun candidat ne semble avoir été capable de prendre le dessus ni de se révéler.

Deux candidats se sont toutefois peut-être distingués un peu plus que les autres : Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Le premier parce qu’il a parlé avec conviction et un certain talent oratoire ; le second parce qu’on perçoit qu’il porte une vision forte, très marquée idéologiquement, même s’il a été plus faible sur les questions de sécurité.

Un troisième candidat a pu « gagner » en crédibilité : François de Rugy, qui ne bénéficie pas du rayonnement médiatique le plus important. Il a pu se faire connaître d’un public plus large en défendant des positions présentées de façon pédagogiques et plutôt modérées dans un débat qui n’était pas très facile à suivre.

2. Le vrai perdant, c’est le Parti socialiste : sa déconfiture politique et programmatique s’est étalée devant les téléspectateurs.

Parmi les candidats, les perdants sont ceux qui avaient le plus d’enjeux et qui n’ont pas su clairement relever le défi. Le premier, c’est Vincent Peillon qui s’est éloigné du trio de tête pendant le débat : son expression était incompréhensible, ses raisonnements difficiles à suivre, ses arguments parfois excessifs et souvent confus. Il n’a pas marqué de points et il en a probablement perdu.

Le second perdant, c’est Manuel Valls qui est apparu très tendu. Il a souhaité rester grave, afin de montrer qu’il était, lui, le plus expérimenté, le plus responsable, le plus capable d’être un homme d’Etat ; et il y est d’ailleurs plutôt bien parvenu. Mais ses sourires étaient si rares que les journalistes les ont relevés quand ils sont survenus : cette attitude ne l’a pas rendu très sympathique. Son handicap réel est qu’il s’est retrouvé contraint de défendre le bilan de François Hollande alors que celui-ci n’est pas populaire : il tire là un boulet pour sa campagne, même si cela lui permet de rester cohérent et de prendre la tête des candidats « réalistes » face aux candidats « frondeurs ».

Enfin, il n’est pas certain que Jean-Luc Bennahmias ait contribué à renforcer la crédibilité du débat : son ton était trop décalé.

3. Aucun moment du débat ne s’est vraiment distingué. Deux interventions ont toutefois été plus claires parce que probablement plus sincères. D’abord, celle de Manuel Valls sur la déchéance de nationalité dans laquelle il a exprimé, sur un ton vif, ce qui semblait être des convictions profondes et apporter ainsi une réponse à des attaques dont il est la cible depuis des années. Ensuite, celle de François de Rugy à qui on demandait s’il se rallierait à Jean-Luc Mélenchon ou Emmanuel Macron, dans laquelle il a répondu directement et de façon très pédagogique, alors que ses camarades étaient plus équivoques.

4. Que c’était long et pénible ! Le débat n’en était d’abord pas un. Les candidats n’ont pas vraiment échangé entre eux. Ils n’ont d’ailleurs pas échangé avec les journalistes non plus, ils ont déroulé leurs messages sans répondre aux questions et souvent ils n’étaient pas d’une clarté limpide (les passages sur le revenu universel puis la fiscalité étaient proprement incompréhensibles).

Cette émission a montré la déroute intellectuelle du PS. Les candidats ne portent pas de vision, ni même de propositions très innovantes ou très fortes : les seules revendications plus marquées politiquement (notamment celles de Benoît Hamon) font appel à des vieux mécanismes socialistes connus de longue date. Rien de neuf n’est ressorti de ces deux heures et demie. On s’inquiète un peu de savoir qu’il y en a deux autres à venir d’ici une semaine…

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