A l’issue du troisième débat de la primaire et du centre, très disputésur France 2 jeudi soir, quatre questions ont été posées à notre jury.
1. Qui est le gagnant selon vous ?
2. Qui est le perdant ?
3. Quel a été le moment fort de ce débat ?
4. Comment avez-vous jugé dans sa globalité ce premier débat ?
(…)
Erwan Le Noan, conseiller à la Fondapol
« Juppé a fait un lapsus significatif »
1. Les trois favoris n’ont pas démérité, mais François Fillon est probablement celui qui, une fois de plus, a réussi la meilleure performance. Sur le fond, il a assuré son rôle de prétendant en présentant ses idées de manière très claire et sereine. D’un point de vue politique, il est le plus grand gagnant car c’est lui qui avait le plus à gagner, pour confirmer la dynamique qu’il a réussi à engager avec les débats et qui se traduit dans les sondages. Son succès montre que les électeurs ne sont clairement pas enthousiasmés par le duel Juppé/Sarkozy.
Nicolas Sarkozy a été plutôt bon, mais gardant ses défauts en paraissant parfois trop clivant. Une autre gagnante : Nathalie Kosciusko-Morizet qui a fait preuve d’humour et qui a proposé une conclusion sincère et intéressante.
2. Bruno Le Maire est le principal perdant, car à la différence des autres candidats du peloton pour qui le débat ne pouvait changer que marginalement la position, il avait un enjeu réel : savoir s’il continuerait de décrocher, se stabiliserait ou engagerait une remontée. Sa performance a consisté à revenir encore sur la même rengaine : « Bruno c’est le renouveau » (le « renouvellement », a-t-il dit à plusieurs reprises). Cette stratégie n’était peut-être pas bienvenue car paradoxalement elle l’a conduit à incarner l’inverse du renouvellement : la répétition jusqu’à la lassitude.
Alain Juppé a par ailleurs un peu perdu car il n’est peut-être pas parvenu à se distinguer très clairement et indiscutablement au-dessus de Fillon et Sarkozy. En cela, il n’est probablement pas parvenu à enrayer la tendance baissière dans laquelle il est inscrit depuis quelque temps…
3. Sur le fond, il y a eu un moment clé, par la négative : celui sur l’éducation car il a montré que les candidats n’ont malheureusement pas de vision très forte en la matière… Sur la forme, le moment marquant, c’est évidemment la prise de parole très ferme de François Fillon à l’encontre des journalistes : il a montré qu’il pouvait prendre un « risque » médiatique et s’imposer dans l’échange.
Sur le plan plus politique, deux moments ont été révélateurs. D’abord, la question à Nicolas Sarkozy sur Ziad Takieddine, à laquelle il a répondu pour s’indigner de la forme de l’interpellation, sans répondre sur le fond. C’est une tactique de réponse qu’il utilise fréquemment. Ensuite, un petit lapsus d’Alain Juppé qui a parlé de « sa procédure » au lieu de « sa politique » ; c’est anodin, mais en même temps significatif car c’est un peu le reproche qui lui est fait, d’avoir un discours et une vision trop technocratiques.
4. Le bilan de ce débat est plutôt positif car on aurait pu craindre que les candidats s’écharpent violemment et méchamment. Cela n’a pas été le cas et c’est tant mieux, même si le débat a été un peu long. Pour autant, il a été marqué par une certaine confusion et des échanges qui étaient écourtés, alors même que des sujets structurellement importants étaient abordés. Ce qui est apparu clairement aussi c’est l’effacement des journalistes qui après avoir interrompu sans cesse les candidats, ont eu du mal à s’imposer.
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