Les leaders gauchistes du monde occupent une place particulière dans l’imaginaire national : la presse aime vanter les mérites de ces héros supposément romantiques, qui luttent pour un « autre monde ». Hugo Chavez faisait partie d’eux ; dictateur, il a pourtant ruiné son pays le conduisant à un chaos rarement connu.
L’économie du Vénézuela est dans un état catastrophique. Début janvier, l’inflation dépasse les 140%. Les ressources se font rares, alors que l’économie est totalement dépendante de la production pétrolière (secteur totalement nationalisé en 2009), dont le cours ne cesse de chuter. Les moyens de l’Etat, qui a pris le contrôle de tout le pays, ne cessent de baisser également alors que ses dépenses croissent. La confiance dans la monnaie a totalement disparu : même les prostituées n’acceptent plus que des dollars.
Surtout, le pays manque de tout : ce reportage d’un journaliste de la BBC tentant d’acheter des produits de base est édifiant (il lui faut la journée et il n’en acquiert finalement pas la moitié). La pénurie est telle que le Gouvernement a décidé d’installer des scanners d’empreintes digitales dans les supermarchés pour s’assurer qu’aucun consommateur n’ose acheter deux fois les mêmes produits ! La disparition de la liberté économique conduit toujours à celle des libertés publiques.
La queue pour entrer dans un supermarché…
La démocratie ne se porte pas mieux. Si les dernières élections ont été remportées par l’opposition, le Gouvernement chaviste de Maduro s’est empressé de tenter de lui barrer la route du pouvoir et tenté d’imposer une nouvelle situation d’état d’urgence. La dictature économique va toujours de pair avec la dictature politique.
Le bilan est noir. En quelques années Hugo Chavez a conduit son pays dans une dictature politique au bord du précipice économique. Cela n’a pas empêché Jean-Luc Mélenchon d’en faire un héros; comme il l’a fait de Syriza qui a pourtant conduit la Grèce dans l’impasse. Mais le leader d’extreme gauche n’était pas seul ; lorsque Chavez est décédé (en 2013), le Président de la République avait salué un homme qui a « profondément marqué l’histoire de son pays » (le communiqué de l’Elysée ne dit pas si c’est en bien ou mal). L’un de ses ministres (Victorin Lurel) s’était même précipité aux obsèques pour salué un « de Gaulle plus Léon Blum« . François Hollande ajoutait : « je suis convaincu que le Venezuela saura surmonter cette épreuve dans la démocratie et l’apaisement ». Pour le moment, ce n’est vraiment pas le cas.