Faut-il vraiment tuer Amazon ?

Voici ma chronique de la semaine sur Atlantico :  Faut-il vraiment tuer Amazon ?

amazon-travailleur

La rubrique du buzz du biz s’intéresse aux « nouveaux entrants » sur le marché, à leurs dynamiques innovantes et aux obstacles qu’ils rencontrent. Aujourd’hui : focus sur Amazon.

Si l’on en croit nos bienveillants et éclairés députés, le consommateur internaute (que vous êtes probablement aussi) est un pervers. Un être malsain – voire un ennemi de la Nation – qui place Amazon en tête de ses enseignes préférées alors même que cette entreprise est un « Terminator du commerce moderne », un « Attila de la société de consommation » (citations exactes !)… On ne pouvait mieux illustrer la déconnexion totale entre les élites régulatrices totalement perchées et la réalité des millions de consommateurs de l’économie d’Internet !

Le législateur, qu’il soit parlementaire ou gouvernemental, il n’a visiblement qu’une obsession en 2013 : en faire baver à Amazon.

Du côté de l’Assemblée Nationale, une proposition de loi vise à empêcher le géant de la distribution sur internet d’offrir les frais de port. En Commission, les débats volent haut : les députés socialistes et écolos accusent l’opposition (à l’origine du texte) de ne pas en faire assez pour lutter contre les « ravages » d’Amazon et leur reprochent d’avoir suivi pendant des années le « dogme de la concurrence libre et non faussée » (c’est-à-dire « la loi du plus fort ») et de « verser ensuite des larmes de crocodile sur le pauvre perdant » (il faudra penser à attribuer la palme de l’idéologie de comptoir à Mesdames Dessus et Attard dont les propos sont absolument édifiants).

L’objectif de la Gauche parlementaire semble de laisser la voie ouverte au Gouvernement. Car Madame Filippeti a, elle aussi, de grands projets. Elle a fait savoir, avant l’été, qu’elle envisageait d’interdire à Amazon la possibilité d’offrir les frais de port et de pratiquer la mirobolante réduction de 5 % sur les livres (fixée par la loi, comme tout régime moderne de contrôle des prix qui se respecte).

L’objectif de ce concours d’obstacles n’a évidemment rien d’économique ; nos parlementaires sont bien au dessus de ces considérations matérielles (et qu’importe si ce sont elles qui enrichissent la France ou créent des emplois). Non, la motivation est au mieux inspirée par une pseudo morale conservatrice (toute ville qui se respecte doit avoir son école, sa mairie et sa librairie). En réalité, elle est certainement plus politicienne et vise à satisfaire des électeurs locaux.

L’affaire Amazon est caricaturale des blocages de la France et des obstacles qu’elle impose à l’économie de demain. Pour le dire trivialement, le monde change, donc même les libraires doivent changer. Tenter d’ériger des remparts autour d’eux, c’est leur assurer une mort sereine, mais une mort certaine. Les protéger de la concurrence, c’est leur interdire la stimulation. D’après le Ministère de la culture lui-même, les ventes de livres en ligne représentent 17 % des ventes totales, et Amazon seulement 7 %.

Si Amazon marche aussi bien (faut-il le rappeler ?), c’est parce que le site plait aux consommateurs : il offre un choix immense (la  fameuse « longue traîne »), même à 2 heures du matin, et livre à domicile. Le mot d’ordre, c’est le client est roi !  J’ai de la chance : il y a une librairie dans la ville de banlieue où j’habite, qui vend des livres pour enfants et des romans à succès, et une autre en face de mon bureau parisien, plus centrée sur l’histoire mais très franco-française. Aucun des derniers livres que j’ai acheté sur Amazon n’était disponible dans ces magasins.

Le vrai tort d’Amazon, c’est de ne pas entrer dans la vision planifiée que nos députés ont de l’économie. Ils vivent sur une planète inconnue où chaque innovation devrait surgir sans perturber, toute création se développer tranquillement avec l’autorisation de ses concurrents et le tout selon un plan harmonieux approuvé par l’Etat. L’inverse de l’effervescence de l’économie actuelle.
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