Etats-Unis: la crise du parti Républicain

Depuis qu’ils ont perdu l’élection présidentielle, les Républicains sont dans un piteux état… Une occasion intéressante, aussi, de voir comment se refondra le conservatisme américain. On en avait déjà longuement parlé sur ce blog. La suite …

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Un piteux état

Roch Lowry, de la National Review, écrivait récemment dans Politico que le GOP est sans leader et sans programme. Dans le Time Magazine, Mike Murphy notait que la « marque républicaine est en train de mourir » : en cause, les stratèges et spin-doctors jugés incompétents. Même la New York Review of Books consacre des articles à l’avenir du parti Républicain…

Alors que le Parti Conservateur avait su incarner, par le passé, des idées fortes, il en est totalement dépourvu aujourd’hui. Les sondages montrent que les Américains font plus confiance aux Démocrates pour améliorer le sort des classes moyennes, sur la santé, Medicare, la violence, la sécurité sociale, l’immigration, la fiscalité et l’économie. Les Républicains ne sont en tête que pour la sécurité nationale et le déficit public… Le problème, c’est que dénoncer le déficit ne fait pas un programme, s’inquiète Lowry.

Le besoin de refondation

Le parti Républicain a besoin aujourd’hui d’une refondation. Les débats se multiplient. La revue Commentary a consacré un numéro spécial sur le sujet (puis un long article « How to save the republican party »). Les tribunes dans la presse sont nombreuses. Evidemment, ce n’est pas simple. Mitt Romney en a parlé récemment, alors qu’il s’en retourne vers la finance.

Les pistes tactiques

A court terme, les lignes tactiques divergent, comme l’avait relevé Charles Krauthammer (entre ceux qui veulent s’opposer et ceux qui veulent gouverner depuis la Chambre).

Pour se réformer, les Républicains pourraient commencer par regarder ce que font leurs stratèges au niveau local (aux Etats-Unis, comme le notait Terra Nova, faire campagne est une affaire professionnelle, contrairement à la France). Le magazine spécialisé Campaigns&Elections notait ainsi que des initiatives existent.

L’essentiel n’est cependant pas là…

La fracture idéologique ?

La réforme idéologique est difficile mais possible. Car en réalité, plusieurs lignes idéologiques s’opposent.

Pour certains, le message du GOP n’est pas le bon. Dans une tribune récente, Brad DeLong s’appuyait sur trois livres (Brooks : The Battle qui rejoint certainement son précédent livre – intéressant ;  Murray, avec un livre dont on vient de parler ici et Eberstadt avec A nation of takers). Il relevait que les trois sont le reflet de la pensée élitiste conservatrice actuelle : l’Etat et la dépense publique rendent les citoyens dépendants et fragiles. Selon lui, ce message n’est pas audible… (position que critique aussi Josh Barro dans Bloomberg).

Pour d’autres, le GOP peut et doit se réformer. Lowry rappelait que le Président Obama a été élu sur une image plus que sur un renouveau idéologique (comme le début de son second mandat  le montre bien). C’est une piste d’espoir pour un parti qui est aujourd’hui très mal en point. Le débat essentiel aujourd’hui oppose le Tea Party à l’establishment plus centriste, qu’incarne Karl Rove.

Karl Rove, ancien stratège du Président Bush, a en effet décidé d’investir financièrement pour faire battre les candidats du Tea Party. Il considère que c’est la ligne populiste conservatrice qui a fait perdre Romney. Il n’est pas le seul et la « purge » pour « marginaliser les haineux et les fanatiques » a commencé notait Politico, au sein du GOP et de Fox News.

Rove n’est cependant peut être pas la bonne personne : son problème est qu’il cristallise tous les débats contre lui… à tel point que Businessweek parle de révolte à son encontre. Albert Hunt dans Bloomberg estimait que si son objectif est le bon (le GOP ne peut pas être le parti associé à la bigoterie et autres idées étranges), il est la mauvaise personne… D’autres leaders émergent.

Des leaders pour demain ?

Parmi eux, il y a d’abord Marco Rubio (voir son portrait dans le Time), sénateur de Floride (qui a l’avantage d’être « latino »). C’est lui qui a répondu au discours de l’Union du Président Obama. Le blog de statistiques électorales du New York Times s’est livré à une intéressante étude de cas à son sujet.

Rubio est la star mais il n’est pas seul. Face à lui commence à monter notamment l’ancien Gouverneur de Floride : Jeb Bush (frère et fils de Président). Entre eux s’installe une compétition, note Bloomberg. (On pourrait aussi parler de son fils, d’ailleurs, George Bush, star montante du parti républicain).

Les uns et les autres sont proches de l’électorat hispanique qui leur apparait stratégique (la promotion de Républicains latinos est devenue un objectif en soi). Dans le magazine New Republic, cependant, on doute que cela soit suffisant…

Parmi les leaders, il y aussi Rand Paul, sénateur du Kentucky, fils de Ron Paul : il vient de faire un pas de plus pour 2016 … après un discours de plus de 13 heures au Sénat pour bloquer une nomination par Obama.

Politico présentait ainsi vendredi la liste des candidats potentiels pour 2016

L’avenir républicain reste incertain et obscur. Mais chez les jeunes, on se mobilise pour que ça change !

 

La question hispanique (Issu d’un précédent post)

Un thème du renouveau pourrait venir de l’immigration : le Sénateur Rubio, la star du parti, issu d’une famille cubaine, propose une politique plus favorable aux immigrés, comme s’en félicite Bloomberg ce week end. Il rejoindrait en ce sens le maire de New York et les prises de position libérales de The Economist, du Washington Times ou de Bloomberg. Il faut dire que les Républicains ne peuvent s’aliéner l’électorat hispanique, comme Gideon Rachman l’avait fait remarquer dans le Financial Times en août dernier. Le nouveau George Bush (petit fils et neveu) le sait : c’est son atout !

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