Parmi les grands débats de ces dernières années, le sujet des inégalités est central. Il a été abordé souvent sur ce blog. Ces derniers jours, il est revenu en force…
The Economist (et surtout son blog Free Exchange) a organisé un débat autour de la publication récente de nouvelles recherches. Portant sur de longues perspectives historiques, elles évaluent la mobilité sociale en se fondant sur des patronymes rares et donc facilement identifiables. L’étude de Miles Corak montre ainsi qu’environ 50 % des inégalités de revenus au sein d’une génération trouvent leurs origines … dans la génération précédente. Il souligne par ailleurs que 70 % des enfants des familles les plus favorisées ont les mêmes employeurs que leurs parents, ce qui favorise un phénomène de reproduction.
Quant aux travaux de Gregory Clark, ils montrent que la mobilité sociale est en réalité assez basse et relativement constante dans l’histoire dans tous les pays… Il faudrait ainsi de 300 à 500 ans pour que les opportunités se rejoignent !
Si ces études montrent une certaine rigidité, la dernière, de Jason Long et Joseph Ferrie, constate cependant que la mobilité peut évoluer : ainsi, au 19ème siècle, la société américaine était bien plus fluide que la société britannique, alors qu’elles se sont rejointes au 20ème. En réalité, Corak lui même relève que la rigidité n’est pas inéluctable : ainsi, il constate qu’au Canada la mobilité est plus grande – sauf peut être au plus haut de l’échelle sociale. Selon lui, la fluidité du marché du travail est essentielle pour assurer la mobilité.
Il reste à savoir si les inégalités sont un problème …
Pour Clark, l’absence de mobilité au top de la société n’est pas problématique par elle même. Il explique que cela montre simplement que les enfants des familles les plus favorisées arrivent dans la vie avec la résilience pour dépasser un certain nombre d’obstacles de l’existence – ce dont il faut plutôt se féliciter.
Ce qui est certain, c’est que Richard Epstein sera d’accord là dessus. Car le débat sur les inégalités rejoint très rapidement celui sur la dénonciation des « riches » que la France affectionne tant.
Pour Epstein, les inégalités de revenu ne sont pas un problème (ce que j’ai déjà défendu ici mais aussi en référence à cet article de Bloomberg) : elles sont mêmes positives. Dans un article récent, dans lequel il s’oppose aux conclusions des derniers travaux d’Emmanuel Saez, il souligne que ceux qui se révèlent adeptes de la fiscalité pour réduire les inégalités se trompent ! Selon lui, qu’importe qu’il y ait des inégalités, si les plus pauvres bénéficient aussi de l’amélioration globale des niveaux de vie. Or, explique-t-il, la Gauche (américaine en l’occurrence) n’est pas du tout de ce point de vue : selon elle, il vaut mieux moins une échelle des salaires resserrée.
Le Prix Nobel Gary Becker sera certainement de ce point de vue : dans un papier récent il dénonçait ceux qui ont fait de l’égalité une obsession. Il constatait au demeurant qu’en général les principaux obstacles à la réussite et l’ascension sociale sont le fait des Gouvernements : salaires minimum, restrictions aux migrations, pression syndicales, monopoles privés et publics… La solution réside pour Becker dans la promotion de la concurrence qui seule assure que la richesse est justifiée (il était déjà intervenu sur le sujet des inégalités, mais au regard de la chance).
C’est évidemment un point de vue défendu plusieurs fois sur ce blog : pour avoir plus de mobilité, la France a besoin d’être moins figée.
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